Méraux

Jetons

La fabrique de jetons à Sedan en 1614 - 1642

Jetons de Sedan et Bouillon

Sources:

Pour en savoir plus

 

Méreaux  et  jetons


Les méreaux et les jetons sont des objets monétiformes difficiles à distinguer les uns des autres. Leurs usages sont très semblables. Au XVIIème, période qui nous intéresse, les méreaux disparaissent progressivement au profit des jetons. 

 

Méreau de Sedan - existe en Cu et en laiton
Méreau de Sedan - existe en Cu et en laiton

Le méreau est une sorte de « bon-pour », un signe de reconnaissance ou encore, un laissez-passer qui prend la forme la plus commune d'un jeton en métal, plus rarement d'une rondelle de cuir ou en parchemin.

Le nom méreau vient du latin merere qui signifie: mériter. C'est la pénurie de monnaie divisionnaire qui explique leur apparition. Ils sont tout d'abord employés dans le domaine ecclésiastique à partir du XIIIème siècle comme jeton de présence des chanoines aux offices et donnaient droit à un repas ou à une portion de pain, ces derniers pouvaient ensuite en faire profiter les pauvres. Ensuite, de nombreuses corporations ou institutions publiques ou privées utilisèrent ce système qui connut une large diffusion.

Au XVème siècles des méreaux ont été créés avec une valeur équivalente en monnaie. On pouvait donc les convertir en monnaie courante. Ce système a été utilisé par la suite par de nombreuses corporations et institutions publiques ou privées, et a été largement diffusé jusqu'au XVIIIème siècle

Le seul méreau de Sedan (ci-contre) connu existe en en cuivre et en laiton. Il a été frappé au module du double tournois probablement pour rémunérer les ouvriers ayant participé à des travaux sur les fortifications de la ville. Le même cas c'est présenté à Charleville.

Les méreaux ont été classés en fonction de leur usage. Le plus souvent ils sont distribués en "récompense" d'un travail, d'une présence, d'un paiement, ... .

 

les jetons servaient avant tout à compter à l'époque où on utilisait encore les chiffres romains (les jetons de comptes). Son nom vient du verbe jeter.

A partir du XVIème siècle, on voit apparaître des jetons commémoratifs ou de propagande ornés du portrait royal dont le rôle principal était d'une part de véhiculer l'image royale et d'autre part de transmettre des informations sur les moments importants de la vie du royaume : mariages, sacres, naissances à la cours ; mais aussi tous les événements importants de la vie civile ou militaire : aménagements du territoire, traités de paix, conquêtes, etc... .

 

1623  Frédéric-Maurice - avènement de Frédérique-Maurice de la Tour d'Auvergne
1623 Frédéric-Maurice - avènement de Frédérique-Maurice de la Tour d'Auvergne

Des jetons commémorant la mise en service d'un bâtiment ou d'un monument pouvaient par exemple être offerts aux personnes qui avaient participé à la réalisation du projet ; lors des mariages royaux ou des sacres, des jetons étaient lancés (jetés) à la foule en liesse, (aussi lors de l'investiture d'un prince évêques de Liège) etc...

Bien sûr, une fois cette mutation amorcée pour les jetons du domaine royal et des administrations, les nobles, les communes et les corporations ont tout naturellement suivi le mouvement.

Les jetons, comme les méreaux, ont pendant longtemps cumulé plusieurs fonctions dans la société (jetons de compte, de présence, d'étrennes, de divination, monnaie de substitution, gratification, jetons de jeu, etc...)

La fabrication des jetons n’est pas libre : il faut d’abord obtenir une autorisation, faire réaliser les coins par un spécialiste patenté (graveur, orfèvre) et les faire frapper dans un atelier royal, dont le principal est Paris. A la fin de la guerre de Cent Ans (1453), la production des jetons parisiens est reprise à Tournai. Mais la ville, éloignée du pouvoir royal, ajoute à sa production officielle des émissions de masse : les jetons banaux que la bourgeoise commerçante réclame de plus en plus. Ils reprennent les types précédents mais avec une exécution moins soignée.

Plus tard, la ville allemande de Nuremberg vient supplanter Tournai qui ne frappe plus de jetons depuis de sa conquête par Charles Quint (1521).

Les ateliers royaux ont des difficultés à fournir toutes les administrations qui se mettent à vouloir des jetons personnalisés. Avec l’accroissement du commerce, le besoin en jetons se développe fortement et les particuliers se tournent vers la production de jetons de Nuremberg.

A partir de 1672, la fabrication des jetons est réservée au balancier du Louvre, l’importation de jetons étrangers est prohibée. Mais cette interdiction reste lettre morte… et Nuremberg continue d’inonder le marché français avec des jetons banaux de plus ou moins bonne facture.

Concernant la façon de compter avec des jetons, la méthode est très semblable à celle du boulier : un tableau est dessiné sur une table (le comptoir) ou sur une toile de bure (le bureau) ; ce tableau comportait une ligne pour chaque chiffre (I, V, X, L, C, D, M, ...) et le comptable y déposait les jetons (à l'époque on "jetait"...d'où le terme " gectoir " qui deviendra " jeton ") d'après l'opération énoncée par un assistant (de là vient l'expression "auditeur à la cour des comptes "...).

L'opération était résolue en faisant passer les jetons d'une ligne à l'autre.

Les additions ne posaient pas de gros problèmes avec cette méthode ; les soustractions étaient déjà plus compliquées bien qu'il suffisait d'enlever des jetons au lieu d'en ajouter, mais dès qu'on s'attaquait aux divisions et multiplications..................c'était une toute autre histoire !

Pour en saisir la difficulté, il suffit de se rappeler qu'à l'époque de Louis XIV, la division ne s'apprenait qu'en dernière année à la Sorbonne !

La fabrique de jetons à Sedan en 1614 - 1642

Daniel Goffin (également graveur des coins de ............n'est pas un inconnu pour qui prend intérêt à la numismatique des Ardennes . L'abbé Bouilliot, (Biographie ardennaise,  Paris 1830, t.1, p478), l'a cité comme un artiste dont le nom mérite mieux que l'oubli. Nous copions ses expressions : « Goffin (Daniel), habile fondeur et graveur, était de Givonne, près Sedan, et florissait en 1614. Ce fut à cette époque qu'il grava soixante paires de coins, tant pour la monnaie d'or, d'argent et de cuivre de Sedan, que pour celle des souverainetés de Raucourt, la Tour-à-Glaire, et Château-Regnault. Cet artiste, de la religion protestante, et dont Gaultier Donaldron, professeur à Sedan, épousa une parente, s'était engagé, en 1627, à fabriquer tous les coins nécessaires pour les pièces d'argent que Lambert de Duras, comte de Meldre, gouverneur de Bouillon, et seigneur en partie des villages des Hayons, Bellevaux et Planevaux, avait réglé de faire battre à ses armes, par édit du 27 octobre de la même année, en sa qualité de seigneur souverain desdits lieux, qu'il entreprit vainement d'ériger en terre souveraine... ».

de 1613 à 1642 ou 1643 au plus tard.

"différent" de Daniel Goffin: étoile à 5 rais

Jeton 1 - av:  IMPERIVMSINE FINE, rev:  DEVS. DAT. LILIA. GALLIS. /1613,  21 mm;  graveur: Nicolas Briot

Jeton 2 - av:  *LVX*VASTI*PVBLICA*MVNDI, rev: *LA*BANIERE*DE*FRANCE,  21 mm.  graveur: Daniel Goffin

Jeton 3 - av:  *LVX*VASTI*PVBLICA*MVNDI, rev: *DANIEL*GOFFIN*A*SEDAN,  21 mm.  graveur: Daniel Goffin

Jeton 4 - av:  GRATVM.QVO.SOSPITE.COELM. /F.A.SEDAN.   rev:  *LVDOVICVS*XIII*D**G+FRANC*ET*NAVA*REX**

Jeton 5 - av:  *GRATVM*QVO*SOSPITE*COELM* /F.A.SEDAN.   rev:  *LVDOVICVS.XII.D.G.F+RANC.ET*NAVAR*REX.

Jeton 6 - av:  GRATVM*QVO*SOSPITE*COELM* /F.A.SEDAN.   rev:  LVDOVICVS*XIII*D*G+FRANC*ET*NAVAR*REX

 

 

Jetons de Sedan et Bouillon

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